La fin du monde. Je guettais l’apocalypse, mes paumes en escalopes. Les éclairs se déversaient dans mon verre, je les buvais sans œsophage.
Parfois un vague oncle algérien m’appelait. Je ne répondais pas.
Un dromadaire de cendres franchissait le réel. Je me taisais, attentive aux brasiers, aux météores et aux titans de haine. Je m’endormais, convaincue d’être morte, surprise du souffle qui sifflait telles des munitions sur mes rêves.
Le lendemain, le monde existait encore, je n’existais plus.
*
J’éteignais des feux dans le salon. Lorsque j’en enrayais un, un autre flambait dans un album de photos. Je ne trouvais pas d’extincteur. J’enterrai le chat dans le piano.
Maman avait enlevé maman. Papa avait enlevé papa. Et le sous-sol retenait mon frère en otage.
Je demandais pardon au passé.
J’attisais des feux dans le salon.
Le chaos et la solitude de la fin du monde.
Ouanessa Younsi, « La fin du monde... », Métissée, Mémoire d’encrier, 2018, p.72-73.